Oeuvres d’art et aura à l’heure de leur reproduction

Ceci n’est pas la Joconde de Léonard de Vinci :

Walter Benjamin, philosophe allemand de la première moitié du vingtième siècle à proposé un concept inspirant pour aborder la question de la spécificité de l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique : le concept d’aura.

L’aura est ce que dégage d’unique une œuvre d’art quand on la perçoit de façon concrète, telle qu’elle est, dans un lieu précis, à un moment précis,dans une histoire personnelle et collective.

C’est ce que vous éprouvez quand vous assistez à une pièce de théâtre, quand vous êtes face à la Joconde en vrai (pour autant que ce soit possible vu ce qui la protège et la masse des touristes qui s’agglutine devant le tableau).

Pour Benjamin, cette aura a disparu quand vous consommez une représentation de cette œuvre grâce à un moyen technique : une photo de la Joconde, un film de la pièce de théâtre.

De la même manière, vous ne captez pas l’aura d’une personne quand vous regardez une photo que vous avez prise d’elle. La technique fait perdre le concret de ce « lointain » étrange que vous aviez éprouvé dans la rencontre réelle, ou que vous éprouveriez à l’avenir si vous rencontrez réellement la personne ou l’oeuvre d’art.

Ainsi, sur le tirage réel de Joël Peter Witkin ici photographié, il y a, entre les deux ailes de l’ange, une sorte de pastille ou de petit bouchon d’environ 1 cm d’épaisseur, que l’on peut ôter. Sa réalité est gommée par la plate photo :

witkin2

Un tirage qui était en vente 5000 euros dans une galerie bruxelloise.

Joel-Peter Witkin (American, born 1939)

Apollo and Pilate’s Wife, Bogota, 2008

Une étude préparatoire de l’artiste :

 

Il est par ailleurs des genres artistiques qui n’existent pas ou peuvent ne pas exister comme original, qui n’existent ou peuvent n’exister que comme copies, des genres sans aura : la photographie, le cinéma. Particulièrement à l’heure de leur diffusion par les quasi seuls réseaux. A noter toutefois qu’un tirage photographique sur papier argentique préserve une forme d’aura puisque chaque tirage, à partir d’un négatif, diffère du tirage précédent (c’est moins le cas pour un tirage jet d’encre, encore que le photographe peut s’astreindre à systématiquement modifier le fichier avant de l’imprimer et de le détruire, rendant ainsi unique le tirage).

 

Liens

Une émission radiophonique (Les Nouveaux Chemins de la Connaissance – France Culture)  sur Walter Benjamin et son concept d’aura  – Ecoute directe

L’article de Wikipédia sur ce philosophe

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